Comprendre les sources de revenus de placement et leur impact fiscal : un incontournable pour bien planifier sa retraite

Quand on parle de placement, on pense souvent à rendement. Mais pour une personne qui se prépare à la retraite ou qui y est déjà, ce n’est pas seulement combien vos investissements rapportent… c’est ce qu’il vous en reste dans vos poches, après impôts et après stratégies.

Chaque type de revenu est imposé différemment. Chaque compte a ses propres règles. Et chaque décision de retrait peut avoir des conséquences, parfois surprenantes, sur votre facture fiscale, vos prestations gouvernementales ou même votre plan successoral.

Comprendre tout ça, ce n’est pas du luxe, c’est un prérequis pour vivre une retraite à la hauteur de vos efforts.

Pourquoi cette connaissance est essentielle?

Imaginez deux personnes ayant toutes deux un portefeuille de 750 000 $. L’une retire son revenu sous forme d’intérêts et paie plus de 30 % d’impôts. L’autre utilise une combinaison de gains en capital, CELI, remboursement de capital et fractionnement avec son conjoint, et paie 7 % d’impôts. Même rendement initial; deux résultats financiers, et deux retraites… complètement différentes.

C’est là que réside le cœur de la planification du revenu à la retraite : non seulement combien on retire, mais comment, dans quel ordre, et de quelles sources.

Les principales sources de revenus de placement (et leur fiscalité)

1. Le revenu d’intérêt

Le revenu d’intérêt est généré par des produits de type revenu fixe : comptes d’épargne, certificats de placement garanti (CPG), obligations, fonds de titres à revenu fixe, etc.

Ce qu’il faut retenir :

  • Il est entièrement imposable à votre taux marginal

  • Il s’ajoute à votre revenu de pension et peut faire grimper votre taux global d’imposition

·         Parmi toutes les sources de revenus de placement, le revenu d’intérêt est l’option la moins avantageuse sur le plan fiscal.

2. Le revenu de dividendes

Les dividendes sont des paiements versés par certaines entreprises à leurs actionnaires. Ils peuvent varier grandement (ex. : de 1,5 % à 7 %, voire plus). Les dividendes peuvent être utilisés comme revenu ou réinvestis.

Sur le plan fiscal, les dividendes sont imposés différemment selon leur origine. Au Canada, les dividendes déterminés (provenant de sociétés publiques) bénéficient d’un crédit d’impôt avantageux, réduisant leur taux d’imposition comparativement aux revenus d’intérêt. Les dividendes non déterminés (souvent issus de sociétés privées) sont aussi admissibles à un crédit, mais moins généreux.

Les dividendes étrangers, eux, ne donnent pas droit au crédit d’impôt canadien. Ils sont donc imposés comme un revenu d’intérêt, souvent avec une retenue à la source de 15 à 25 %. Toutefois, dans un REER ou un FERR, les dividendes de sociétés américaines sont exemptés de cette retenue grâce à une convention fiscale.

Enfin, il est bon de noter que certaines entreprises à forte croissance ne versent pas de dividendes, préférant réinvestir leurs profits pour générer des gains en capital à long terme.

3. Les gains en capital

Ce sont les profits réalisés à la vente d’un actif (action, fonds, immeuble, entreprise) pour un montant supérieur à son coût d’acquisition.

Avantage majeur :

  • Imposable uniquement à la vente de l’actif

  • Partiellement imposable (actuellement 50 % d’inclusion sur les premiers 250 000 $ de gains annuels, 66,67 % au-delà)

Stratégies utiles :

  • Vendre graduellement ses actifs pour lisser l’imposition

  • Utiliser les pertes en capital pour compenser les gains (report rétroactif de 3 ans, prospectif illimité)

  • Réaliser des gains dans des années de faible revenu

4. Le remboursement de capital

Le remboursement de capital permet de recevoir des distributions sans impôt immédiat, car il ne s’agit pas d’un revenu, mais plutôt du retour de votre mise initiale. Couramment utilisé dans les séries T ou certains fonds à distribution.

Fiscalement :

  • Ne s’ajoute pas à votre revenu

  • Diminue le coût d’acquisition du placement (et donc augmente le gain futur à la vente)

  • Peut servir à réduire votre revenu imposable pour préserver des crédits (comme la SV)

⚠️ Attention : si votre coût de base tombe sous zéro, l’excédent devient un gain en capital imposable immédiatement.

5. Le revenu de location

Si vous détenez des immeubles à revenus, les loyers encaissés sont considérés comme du revenu d’entreprise.

Avantages :

  • Vous pouvez déduire les dépenses liées à l’immeuble (intérêts, entretien, assurances, taxes, etc.)

  • Possibilité d’amortissement (avec précaution pour ne pas déclencher un important gain au moment de la vente)

Inconvénients :

  • Revenu imposable à 100 %

  • Requiert une gestion active et une bonne comptabilité

Autres notions clés à intégrer dans votre stratégie

6. L’ordre de retrait et la « stratégie de décumulation »

L’ordre de retrait des placements peut faire une énorme différence, surtout à la retraite.

Contrairement à l’intuition, on ne commence pas toujours par le CELI. Dans bien des cas, il est plus avantageux de le laisser croître à l’abri de l’impôt aussi longtemps que possible, puisqu’il génère des revenus non imposables qui n’affectent ni les prestations gouvernementales ni les taux marginaux.

Souvent, la stratégie optimale est de commencer par les comptes non enregistrés, qui génèrent des revenus fiscalement préférables (comme les gains en capital ou dividendes), puis de retirer progressivement du REER (ou CRI) avant 72 ans. Cela permet d’éviter des retraits forcés trop élevés à partir de 72 ans, qui pourraient faire grimper l’impôt ou faire perdre la Sécurité de la vieillesse.

Un autre point clé : au décès, les sommes dans un REER (ou FERR) deviennent entièrement imposables, sauf si elles sont transférées au conjoint. Cela peut créer une facture d’impôt massive pour les héritiers, d’où l’intérêt de planifier un décaissement graduel de son vivant.

Bref, un retrait progressif et planifié du REER entre 60 et 71 ans permet souvent d’étaler l’impôt, de maximiser les revenus nets à long terme et de réduire l’impôt au décès.

Un bon plan de décaissement est un outil fiscal puissant, souvent sous-estimé.

7. L’impact sur les programmes gouvernementaux

Certaines prestations gouvernementales, comme la Sécurité de la vieillesse (SV), sont récupérables à partir d’un certain niveau de revenu. Pour 2025, le seuil de récupération commence à 93 454 $.

Concrètement, un revenu imposable trop élevé dans une année peut entraîner un remboursement partiel ou total de votre SV, ce qui revient à perdre une source de revenu garantie.

C’est pourquoi il est essentiel de mettre en place des stratégies pour contrôler votre revenu imposable à la retraite, comme :

  • Utiliser des sources de revenus non imposables, comme le CELI ou les remboursements de capital (RC)

  • Privilégier les gains en capital, qui sont moins lourdement imposés

  • Fractionner les revenus avec un conjoint admissible pour réduire le revenu net individuel

  • Échelonner les décaissements REER/FERR sur plusieurs années, pour éviter les pics de revenus

8. Le fractionnement de revenu

Si vous êtes en couple, le fractionnement de revenu peut réduire considérablement votre impôt à la retraite. L’idée? Partager certains revenus avec votre conjoint pour répartir la charge fiscale plus équitablement.

Revenus admissibles au fractionnement :

  • Les retraits d’un FERR (ou d’un FRV), après 65 ans

  • Les revenus de pension admissibles (rentes de retraite, régimes à prestations déterminées, etc.)

  • Les revenus locatifs déclarés conjointement

Avantages clés :

  • Réduire la facture fiscale du couple

  • Maximiser l’utilisation des crédits d’impôt personnels des deux conjoints

  • Profiter de tranches d’imposition plus basses sur une portion du revenu

⚠️ Non applicable au revenu d’intérêt ou aux dividendes dans un compte personnel, à moins de structure juridique particulière (ex. : société de gestion, fiducie).

Et maintenant?

La clé, ce n’est pas seulement d’investir, c’est de structurer intelligemment vos placements pour la suite.

C’est exactement ce que nous faisons avec nos clients :
👉 Une analyse complète de leur portefeuille
👉 Une stratégie claire, qui tient compte de la fiscalité, des objectifs de vie et de la structure des comptes

Si vous souhaitez mieux comprendre comment vos placements vont vous payer et comment en garder le plus possible après impôts, je vous invite à planifier une rencontre avec mon équipe et moi.

Ensemble, on pourra regarder :

  • Vos sources de revenus actuelles et futures

  • Comment réduire l’impôt sur vos retraits

  • Et comment structurer le tout pour que votre retraite rime avec liberté, simplicité et tranquillité d’esprit

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